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Interview d'Yvon RENDU
Starshooter:
nous ce qu'on voulait c'était se défaire de cette étiquette
punk. Pour nous le premier album marquait la fin d'un époque, alors
que pour le public c'était un commencement, d'où le malendu
à la sortie de second disque, le troisième "chez les autres"
n'a rien arrangé.C'était la continuité du précédent
dans la mesure où on composait les morceaux au coup par coup dans des
styles musicaux différents sans chercher à théoriser.
C'est aussi l'année où on a le plus tourné et où
on a été le plus contesté. Il a fallu faire comprendre
qu'on ne peut pas jouer du punk éternellement. C'est bien quand on
commence c'est tout.
Par exemple on comprend bien que maintenant encore de nouveaux groupes jouent
de cette façon. Mais nous, en 1978-79 on commençait à
savoir jouer, et avec la progression technique, l'amour de la musique ressort
peu à peu, on travaille plus les rythmes et les mélodies.
Ca a été dur de remonter la pente, de renverser ce courant négatif.
On a passé plus d'un an et demi à s'expliquer.Mais il y avait
aussi du positif, on a créé un courant parmi les groupes, on
a montré qu'il était possible de faire autre chose que du rock
primaire, pur et dur, un peu comme ont fait les Clash avec London Calling.
Eux aussi ont été rejetés par la presse anglaise et par
le public, eux aussi ont été accusés de trahison.
Rock & BD Et maintenant comment réagit le
public ?
Starshooter:
Les gens ont fini par comprendre. A force de nous voir sur scène, ils
se sont rendus compte qu'on pouvait jouer sur des rythmes différents
tout en gardant la même énergie. D'ailleurs juste avant de changer
de maison de disques, on voulait enregistrer un album "live" pour
prouver cela justement.Mais les choses sont allées plus vite que prévu.
Rock & BD Alors justement venons-y à ce changement
de maison de disques
Starshooter:
On était en fin de contrat avec Pathé Virgin, Phonogram et CBS
étaient sur les rangs pour nous signer. Ils nous ont fait leurs propositions.
On rayait certaines clauses, on en rajoutait d'autres. A ce jeu-là
seuls Virgin & CBS nous ont suivis. Ca c'est joué sur 2 ou 3 clauses
finales et on a finalement fait affaire avec CBS. Pour le moment on ne peut
en dire que du bien. C'est le jour et la nuit en comparaison avec Pathé.
Ils savent s'occuper d'un groupe, ils ont des structures efficaces et gens
compétents.
Au début CBS ne nous voyaient que par le disque, ils croyaient qu'on
était un groupe POP style Police grand public. Mais avant de nous signer,
ils ont quand même voulu nous voir sur scène. A la fin du concert
ils sont venus nous dire " c'est pas du tout ce qu'on croyait, mais il
n'y a pas de de problème, on vous signe de toute façon".
Levy, le PDG de CBS c'est comme Constantin qui était au début
chez Pathé ou Karacos, ce sont des gens prêts à investir
sur ce qui les éclate. De toute façon, ce n'est pas trop grave
pour eux, s'ils se trompent ils ont toujours des mecs comme Iglésias
pour se récupérer. Mais il reste que Lévy a rencontré
pas mal de résistance chez CBS avant de nous signer, et que c'est lui
qui nous a finalement imposés.
Rock & BD Pas fatigué est donc votre 4ème
album et le 1er chez CBS
Pourquoi être allé chercher un producteur Anglais ?
Starshooter:
Dans tout ce qu'on connaissait, on a sélectionné quelques producteurs
dont le travail nous palisait. On a pris contact en Angleterre avec Mike Glossop,
producteur des Ruts, de Skids, de valérie Lagrange etc.. Il a d'abord
voulu nous voir sur scène avant de se décider et il a été
emballé! On s'est donc mis d'accord pour faire un 45T qui servirait
de test. On voulait savoir ce que donnerait le travail en commun en studio,
et il y avait aussi la barrière de la langue.
Rock & BD Pas fatigué est un album qui tranche
avec les précédents. Il est plutôt sombre, plus émotionel.
Qu'est-ce qi s'est passé ?
Starshooter:
Les gens font plus attention aux textes graves, mais on oublie trop souvent
que la joie aussi est une émotion. Il ne s'est rien passé de
particulier. On avait beaucoup de morceaux prêts à être
enregistrés. On a fait un premier tri d'un vingtaine de chansons, puis
on en a gardé 9 qui avaient la même atmosphère, et ça
a fait un album homogène. Mais ce n'était pas un parti pris
au départ.
Rock & BD Vous pensez à une carrière
internationale ?
Starshooter:
On tourne d temps en temps à l'étranger, mais pour une véritable
carrière internationale il faudrait que CBS suive. Et ils ne suivront
que si on vend plus de 100000 exemplaires par album.
Rock & BD Et pour le moment, vous en êtes
à combien ?
Starshooter:
50000 en moyenne sur les 3 précédents. Mais pour "pas fatigué"
on espère plus, parce qu'on a jamais autant passé à la
télé, fait d'interviews etc... Ceci dit, le raisonnement de
CBS est discutable, il n'est pas forcément nécessaire d'avoir
du succès en France pour en avoir à l'étranger. Prends
l'exemple des Rockets.
Rock & BD Les quoi?
Starshooter:
Les Rockets. Ce sont de vrais Stars en Italie, et pourtant c'est un groupe
Français complétement inconnu par ici.
Rock & BD Faires ses débuts en 1977 ou en
1982, quelle différence ?
Starshooter:
C'est sûrement plus difficile maintenant, parce que pendant plusieurs
années les maisons de disques ont signé n'importe qui. Alors
maintenant ils font plus attention. D'autre part, le public est aussi plus
exigeant, il voit plus de bons groupes.C'est un peu dommage parfois, parce
qu'il n'y a pas que la technique qui compte. Des groupes comme "la souris
déglinguée" par exemple, sont faibles techniquement, mais
méritent d'être entendus pour leur énergie et pour ce
qu'ils disent.
Nous on a pas de conseil à donner si ce n'est de faire comme nous,
tourner un maximum. C'est bien sûr le plus difficile et c'est ce qui
coûte le plus cher, mais c'est comme ça qu'on a mûri et
qu'on s'est fait remarquer.C'est bien ce qui se passe en ce moment, tous ces
groupes, il faut toujours qu'il y en ait de nouveaux, c'est stimulant.On ne
va quand même pas retomber dans la léthargie comme après
les Chausettes noires.